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”Guérisons spirituelles”, sorcellerie et médecine
Une question m'a été posée dans le cadre de ma mailing-liste vouée à des échanges sur l'argent colloïdal. Elle m'a donné l'occasion d'aborder un sujet que je considère comme connexe à la question posée puisque le point commun se trouve dans le domaine que les théologiens appellent "préternaturel". Il se trouve que des circonstances particulières font que j'ai acquis des compétences dans ces domaines. Compétence de l'ordre du seul discernement. Je le précise car je ne saurais intervenir dans des affaires d'envoûtements ou de "hantises" excepté pour un éventuel diagnostic s'agissant de deux causes qui ajoutées à des problèmes de géobiologies et de pollutions diverses sont à l'origine de troubles graves en matière de santé. J'ai eu ainsi à examiner deux "affaire" l'une relevant de la pure "magie noire" et une autre où une hantise du aux éventuels résidus psychiques des précédants occupants d'une ferme bourguignonne. Dans ce second, cas je suis arrivé à une conclusion négative. L'occasion m'a été donnée d'aborder ces questions par un mail dont voici la teneur étant précisé que j'ai réécrit en les précisant quelques passages rédigés en hâte.
Bonjour Mr Metzer
(...) je travaille dans les produits naturels depuis de nombreuses années mais je crois aussi aux guerisons spirituels. Comme vous êtes un chercheur;je vous envoie quelques infos et un diaporama sur la vierge du mexique ; pour savoir ce que vous en pensez...
Suivaient ces urls :
http://www.ktotv.com/videos-chretiennes/emissions/nouveau...
http://www.asaintnicolas.com/spip.php?article2
http://www.asaintnicolas.com/spip.php?article54
Merci
Laurent
La réponse
Vos questions intéressant la médecine, je vous réponds dans la liste afin que tout le monde en profite. Façon de parler car je prévois pas mal de déstabilisation à moins de zapper...
Je crains de vous décevoir, j'ai jeté un rapide coup d'oeil sur les vidéos. J'ai déjà entendu ces discours 10000 fois et le problème c'est où est la ou les questions. Parce qu'il y a 36 000 choses dans tout cela.
Je vais essayer de vous répondre, à vous de poser ensuite des questions précises si vous jugiez ma réponse insuffisante.
Tout d'abord il faudrait distinguer les moyens de la guérison du caractère de la guérison elle-même. Je suppose que vous avez en vue les "moyens" car une guérison visant un mieux être somatique ne saurait être qualifiée de "spirituelle".
Voyons d'abord la Vierge de Guadalupe. Je connais les grandes lignes de cette histoire, à savoir le miracle de la floraison d'une rose hors saison et l'histoire des yeux qui passent pour être "vivants". Sur les faits historiques, il est impossible à plusieurs siècles de distance de faire une enquête sérieuse mais en tout état de cause un "miracle" ne signifie rien en soi. J'en admets la possibilité sans pour autant être tenu de croire à une cause providentielle. Mais enfin il est clair que dans la page dont vous faites état, on en a rajouté. Il y a donc là-dedans une large part de fantasmagories qui ne m'intéressent pas et que je tiens pour nulles et non avenues.
Les "miracles (ou ce que l'on tient pour tels ne me posent pas de problèmes par plus que l'histoire de la naissance virginale de Jésus. Je vous signale que le Bouddha a été crédité d'un privilège semblable ainsi que Platon d'après Diogène Laerce. Ce qui importe d'abord c'est le contenu symbolique. Le problème dans le cas de Platon, c'est qu'il ne fut que l'éditeur des propos de Socrate et qu'il a finit par s'approprier la gloire de son héros. Si donc il a existé un sage dans l'histoire, ce ne pourrait être que Socrate or, si j'ai bonne souvenance, non seulement le même Diogène ne lui a point accordé la moindre naissance miraculeuse mais il nous a transmis le nom de celui qui l'aurait initié à la philosophie à coups de verge dans le fondement, ce qui, on en conviendra la fiche plutôt mal et ne correspond par du tout à notre échelle de "valeurs spirituelles". En d'autres termes, Socrate aurait-été la vistime d'un "pédophile" dont je n'ai point retenu le nom s'il a été donné...
Parlons de choses plus sérieuses : quoique j'ai cessé d'être "catholique" je crois à l'autenthicité du "Suaire de Turin" et àa ne me pose pas de problème puisque des lamas tibétains et aussi des anachorètes au Mont Athos se seraient transformés en "corps d'arc en ciel". La seule différence résidant qu'un seul en a laissé une trace palpable qui n'en déplaise à un universitaires des plus connards (savoir le principal "grand prêtre" de la "zézétique") ne saurait être contrefaite et surtout pas par le moyens grossier qu'il a publié dans cette revue de merde qu'est "Science et Vie" laquelle se fout du monde plus souvent qu'à son tour !
Pour en revenir aux apparitions mariales, j'ai longuement étudié la question, il y a 15 ou 20 ans. J'ai distingué plusieurs types d'apparitions. Certaines continennent des symboles traditionnels (apparition dans un chêne par exemple) d'autres, les dernières, sont franchement "dissonantes" car elles ne répondent pas à certains critères sur lesquels je ne peux m'étendre. Mais si l'on peut distinguer des apparitions se conformant à une orthodoxie minimale et d'autres qui sont manifestement parodiques, cela ne veut absolument pas dire que les premières seraient plus authentiques que les secondes.
Certaines conditions de forme sont nécessaire pour envisager l'hypothèse d'une authenticité mais nullement suffisantes car une intervention supposée d'origine providentielle soit doit d'être confirmée par la valeur proprement spirituelle du message délivré. Or et à ma connaissance elle est toujours nulle, métaphysiquement parlant.
Ca se résume toujours et en effet à une incitation à un "réarmement moral" conformément aux obsessions caractéristiques du christianisme, à savoir en particulier la "luxure". La "luxure" qu'est-ce que c'est ? Tout ce suite on pense à des "histoire de cul" mais en fait c'est l'abus du luxe, cela comprend aussi bien le goût ostentatoire pour les bagnoles de luxe que celui des belles femmes ou, c'est selon, un attrait pour les "minets". Du reste ça ne marche pas l'un sans l'autre car on n'attrape jamais les mouches avec du vinaigre. Il faut en effet être assez naïf pour croire que Socrate aurait été l'idole des "ados" de son temps, certes ils étaient moins tarés que de nos jours mais faut pas pousser.
Enfin et puisque je viens d'évoquer les principaux "objets de luxe" il faut préciser que lorsqu'ils prennent figure humaine, leur sexe, jusqu'au XIII ème, est resté assez indifférent. Il aura fallu l'invention de l'amour courtois pour que la dévotion envers le sexe dit faible prenne le pas sur cette "homosexiabilité" qui était la règle auparavant. Heureuse époque où les soucis par trop frivoles de la plupart de nos compagnes n'avaient guère cours. Cela dit les choses en hélas bien changé. J'en veux pour preuve mon petit village : l'épicerie se meurt alors qu'il y en eu jusqu'à trois au lendemain de la guerre. En revanche, un salon de coiffure et la boutique d'une esthéticienne marchent très fort. Cette dernière a même pris la place de l'ancien télégraphe ! J'ai dit "indifférent" pour ne méconter personne mais quand à y regarder de près, on constate que les clercs s'adonnant au "péché philosophique" n'étaient pas si mal vus, bien au contraire. Voir les travaux d'un certain John Boswell qui, sont, sur quelques points de détail, à "prendre avec des pincettes".
Revenons à nos moutons. Quand je dis que les message spirituellement son vides, c'est qu'ils ne fournissent aucune réponse aux questions de notre temps quant à la conduite à tenir par rapport aux problème de société en vogue. Bref, l'Eglise catholique campe sur sa hantise du divorce et de l'homosexualité. C'est tout ce qui l'intéresse. Elle qui ne fut pas loin de professer que l'avarice est immédiatement après l'orgueil le pire des péché se montre étrangement silencieuse quant au domaine économique ce qui est normal car elle a été, dans son ensemble, trop près du manche pour se hasarder dans ce domaine qui est bien l'objet des pires scandales. Quant aux "moeurs", il aura du reste fallu du temps pour qu'elle se gendarme contre la pédophilie ! Et elle l'a fait à reculons ! Mais enfin personne n'ignore plus qu'il suffit de lire n'importe quelle histoire de la papauté pour se rendre compte que le fait d'orner le choeur des églises des plus beaux éphèbes en qualité de servant du culte fut un excellent prétexte pour détourner ces sortes d'ornements à des fins contestables, du moins dans le contexte de puritanisme qui tend à sévir sous nos latitudes.
Tout cela pour dire que la teneur des discours des apparitions n'a pas changé depuis l'époque du curé d'Ars. La hantise du saint curé c'était les bals du samedi soir des fois que les filles se fassent engrosser... C'est encore et toujours la diabolisation du sexe. Au moins à l'époque le clergé essayait de susciter la charité chez les riches. C'était un emplâtre sur une jambe de bois pour mille et une raison. Vous l'avez entendu le clergé français jeter l'anathème sur la spéculation financière, les directeurs des banques et surtout les politiques qui s'agitent et ne font rien à commencer par le nabot qui se représente ? Moi, à la place de l'archevêque de Paris, je fulminerai une excommunication et une malédiction en bonne et due forme comme ce fut fait au sein de l'église orthodoxe du temps de Ceaucescu si ma mémoire est bonne.
Bref, il m'est absolument impossible de voir dans l'une ou l'autre des apparitions mariales que vous pourriez me citer quelque chose de "spirituel". Je suis formel, je connais assez bien l'orthodoxie pour savoir que son histoire ne mentionne pas la moindre apparition mariale. Alors que conclure ?
J'ai évoqué deux sortes d'apparitions, des apparitions "classiques" comme celle dont vous faites état mais qui ne conduisent guère qu'à un "piétisme" qui n'a guère que le mérite de concourir à une relative paix sociale. Cependant dans le cas particulier de l'extension du catholicisme dans le nouveau monde, ses exactions et sa propension (sous toutes les latitudes) à traiter ses sujets en "esclaves" comme le montre l'histoire de l'Inquisition parce qu'elle procède de l'emprunt au droit romain d'une procédure qui leur était exclusivement réservée, m'interdit de voir la "main de Dieu" dans ces première apparitions quoique leur forme soit en accord avec certains critères symboliques. Alors de quoi s'agit-il ?
Ma thèse (et c'est une certitude absolue que vous n'êtes pas tenu de partager) est qu'il s'agit de la remanifestation de ces anciennes fées et autres "Dames blanches" du folklore ancien, soit de ces entités révérées par le paganisme et généralement associées au culte de certaines fontaines qui ont trouvé là un moyen de se sustenter sur le dos de gens crédules moyennant un déguisement de circonstance. Je veux bien vous accorder qu'elles ne témoignent nullement d'intentions hostiles mais il s'agit néanmoins d'une source d'illusion qui ne peut apporter aucune espèce de progrès spirituel.
Vous noterez qu'après la révolution française la teneur de ces apparitions tend à changer. Elles se transforment pour donner de plus en plus naissance à de grossières parodies et là elles se subdivisent avec d'une part des supercheries purement humaines comme La Salette et d'autre part des manifestations dont la teneur de plus en plus sinistre n'est point douteuse, Lourdes constituant une sorte de pivot résumant le point où tout bascule. Cette apparition comporte certains caractères classiques et l'on a du reste des traces historiques d'une antériorité remontant, paraît-il, jusqu'à l'époque de la conquête arabe mais je n'ai pas pu mettre la main la documentation adéquate et je sais seulement qu'il en subsiste des traces dans une étude érudite devenue inaccessible.
Pour en revenir à votre question, il découle de ce qui précède que si certaines apparitions comme celle de Lourdes ont conduit à des guérisons, je ne saurais les qualifier de spirituelle que pour autant que l'on voudra bien me prouver que les bénéficiaires on témoigné par la suite d'une authentique "sagesse spirituelle". En vérité, il n'est même nécessaire de se poser la moindre question à ce sujet au motif qu'un effet ne saurait être supérieur en force et en qualité à la cause censé l'avoir produit. En d'autres termes, l'excessive médiocrité de l'arbre rend toute question vaine à propos de ses fruits éventuels.
Quant à certains prodiges postérieurs, Fatima, Garabandal, Medjugorje en particulier, tout cela n'est que "diableries". Pour être tout à fait clair, je dirais que d'un point de vue islamique toutes ces histoires ne sont que manigances de "djinns", une catégorie ontologique qui ne se superpose pas à celle des "démons" dont Rome fait grand commerce car la traduction correcte est "génies". Laquelle catégorie se subdivise à l'infini. Il y en a qui sont simplement farceurs, d'autres étant assez franchement maléfiques. Enfin le bouddhisme tibétain dispose à ce propos d'une "rubrique" qui peut donner une idée de ce avec quoi nous avons à faire avec les pseudos "Vierge Marie" qui sont apparues au cours des temps. Dans le meilleur des cas, un lama n'y verrait guère que la manifestation d'un "dieu mondain". L'attitude correcte consiste à le respecter s'il est jugé positif, voir à s'attirer ses bonnes grâces en lui faisant des offrandes mais en aucun cas il ne saurait être question de le prendre pour un "guide spirituel" attendu qu'il n'a pas atteint la "libération".
Qu'est-ce que la spiritualité
Il tombe sous le sens que nous n'avons pas la même conception de la spiritualité. Du reste je vous soupçonne de n'en avoir pas la moindre idée. A la suite de ma première réponse vous m'avez cité une phrase de Soeur Emmanuelle qui aurait affirmé que "peu importe les croyances, l'important faire le bien durant cette vie."
Vous m'excuserez si je suis assez "vachard" mais si je tire les conséquences de cet énoncé, vous n'en avez pas fini avec moi. Je constate premièrement que cette Soeur se fout de ses propres croyances. De la part d'une personne qui passe pour avoir réhabilité l'onanisme, son relativisme n'est point fait pour nous étonner, voir :
http://www.rue89.com/rue69/2008/11/02/soeur-emmanuelle-au...
C'est qu'il est des prénoms qui sont bien conçus pour véhiculer une certaine fatalité, et je pense au film intitulé "Emmanuelle" voir :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_d'O
On comprend maintenant pourquoi votre "référence" se souciait fort peu des "croyances" catholiques. Maintenant le vrai problème c'est de savoir ce en quoi consiste le fait de "faire le bien". Est-ce de ne jamais se masturber, de ne jamais coucher avec un de ses semblables ? Est-ce distribuer des vivres aux pauvres, pratiquer la médecine en ne faisant payer que les riches. Des légions de gens parfaitement athèes font cela très bien et même parfois de façon désintéressée et il faut bien dire que quand il s'agit de redistribuer des biens que d'autres mettent à votre disposition, je ne vois pas où est le mérite mais passons !
Je crains que la spiritualité ne réside pas dans la "morale" car à ce sujet ne dit-on pas "vérité en deça des Pyréennées, erreur au delà" ce qui rend parfaitement compte du caractère très contextuel de la chose. Puisque le domaine sexuel fournit une source inépuisable d'exemple on peut prendre l'exemple de la polygamie. Chez nous c'est à la fois un péché pour les chrétiens et un délit du point de vue républicain. Pourtant tous les patriarches de l'Ancien testament furent polygames.
J'ajoute qu'un certain Thomas d'Aquin a énoncé en substance que ce qui est péché pour les uns ne le serait point pour d'autres, ce qui implique que les conditions subjectives sont déterminantes pour juger de la valeur d'un acte. Là je vais laisser tomber le domaine sexuel pour prendre un exemple beaucoup plus probant, celui de la "légitime défense", tuer quelqu'un lorsque l'on est menacé de mort, ce n'est pas un crime, en revanche occire quelqu'un par jalousie ou sur un coup de colère c'est un crime !
Vous parliez de "guérison spirituelle" ! Restons en à ce qui est ou n'est pas "spirituel" alors je vous pose la question, c'est quoi ? Je connais la réponse mais je ne vais pas vous la donner mais simplement constater que la question posée celle d'une "guérision spirituelle" est vaine. Ni les moyens sur lequels vous m'avez questionné, ni les résultats ne peuvent être qualifiés de "spirituels".
La "sorcellerie" quel rapport ?
Le rapport est purement factuel en ce sens que ce que vous entendez par "guérison spirituelle" en ayant en vue certains "miracles" appartient finalement au même registre que l'action des "panseurs de secrets", des "désenvoûteurs" qui on plus de rapports avec le statut du "sorcier" qu'il n'y apparaît au premier abord puisqu'il oeuvrent sur le même plan invisible ou plus exactement "subtil" ou encore "psychique".
Remarques sur deux livre de Dominique Camus
J'abandonne donc les italiques pour élargir la question posée.