Comment votre thyroïde risque de vous jouer des tours à votre insu de plein gré (...) et surtout avec la bénédiction des endocrinos... (15/06/2015)

thyroïdie.jpegJ'ai déjà évoqué le problème du diagnostic de l'hypothyroïdie dans deux notes que je réviserai à l'occasion. Si j'en trouve le temps. Dans la première j'indique une méthode de diagnostic par la prise de température.

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Un médecin que j'ai évoqué à plusieurs reprises, le Dr C., un fils de militaire qui aurait mieux fait de faire une carrière de pianiste avait attiré mon attention sur une TSH élevée, quoique dans les normes suivants les créneaux indiqués par les labos, elle impliquait à ses yeux une hypothyroïdie. Aussi quand est paru l'ouvrage ci-contre du Dr Benoît Claeys, je l'ai vite commandé chez mon libraire.

Il aurait fallu libeller le titre autrement et évoquer ce que le médecin (ou l'endocrinologue) ne vous dit pas tout simplement parce qu'il l'ignore mais que vous devez savoir.

Sur le préfacier

Chose étrange le Dr Thierry Hertoghe, dont l'arrière grand père a donné son nom à la description d'un syndrome hypothyroïdien n'a pas l'air d'être mieux informé que ses confrères si j'en juge par le contenu de sa lettre n° 2 sur l'insuffisance thyroïdienne. Qu'il ne donne pas les normes et les directives pour mener à bien un contrôle biologique, et c'est devenu chose enfantine depuis que j'ai dévoré le livre, je pourrais à la rigueur le comprendre car lui et sa soeur, établis à Bruxelles vivent (grassement j'imagine) du déni dont souffre les hypothyroïdiens. Et de cela je vais en parler !

Plus curieux est ce passage : Le cortisol freine la transformation de l’hormone thyroïdienne thyroxine ou T4, peu active (en réalité INACTIVE !), en hormone thyroïdienne fortement active, la triiodothyronine ou T3 (en théorie seulement car elle a besoin du cortisol pour pénétrer dans les cellules cibles). Une carence en cortisol permet à la T4 de se transformer trop rapidement en T3, surtout lors de stress, ce qui résulte en poussées d’excès d’hormone thyroïdienne au moindre stress qui survient (on aurait donc les signes d'une hyperthyroïdie).

Le traitement consiste à faire des tests de diagnostic de l’insuffisance surrénalienne et prendre, si le diagnostic est confirmé, un supplément en cortisol.

Le Dr Hertoghe me parait s'être embrouillé...

Les aléas qui sont à l'origine d'un mauvais fonctionnement des hormones thyroydiennes

1) Une mauvaise transformation de la T4 en T4 par l'enzyme 5'-désiodase

2) Une transformation de la T4 en R-T3 inactive par la 5-désiodiase

3) Lorsque la T3 ne parvient pas à pénétrer dans les cellules pour agir faute de cortisone et de vitamine D.

Nulle part le Dr Claeys n'a parlé du rôle du cortisol dont l'absence ou la carence inciterait la T4 à se transformer en T3. Enfin l'article évoqué ne vaut pas un pet de lapin. L'héritier du grand spécialiste a sans doute a eu à coeur de ne pas vendre la poule aux oeufs d'or mais en acceptant de préfacer Claeys je crains qu'il ne se soit tiré une balle dans les panards... Pour tout dire je crains que le double rôle qu'il fait tenir au cortisol soit fautif. Toujours est-il que dans le meilleur des cas il aurait détourné l'attention sur un détail qu'il aurait plus ou moins bien compris.

Faut-il acheter le livre de Claeys ?

N'achetez pas ce livre pour vous car je vais vous dire l'essentiel mais si vous voulez l'offrir dans un joli paquet cadeau agrémenté de quelques rubans colorés à votre généraliste ou à votre endocrinologiste, vous pouvez toujours essayer mais il risque de mal le prendre. Alors vous pouvez imprimer mon article et lui remettre cela vous coûtera moins cher et s'il est intelligent il déduira le coût du bouquin de son confrère de ses frais généraux de formation continue.

J'ai expliqué de quoi il retourne à un ami qui pourrait être mon père. Bien qu'il n'entende pas grand chose à la médecine, j'ai vu à son regard que mon exposé a été d'une limpidité telle qu'il a percuté immédiatement.

La clinique d'abord la confirmation biologique ensuite

C'est très simple vous allez voir, l'hypothyroïdie même fruste se déduit de la clinique, ce qui nous vient de l'ancêtre du Dr Thierry Hertoghe est toujours d'actualité. Je parlerai de la clinique et des signes après et je commence par la biologie, soit les examens de laboratoires qui doivent servir de confirmation. Je rappelle qu'on ne peut trouver par la biologie que si on sait ce que l'on cherche ! Tout un programme, la plupart des jeunes médecins ont tendance à inverser la proposition, ils n'ont pas un bon diagnostic alors en biologie ils font les choses à moitiés ou s'égarent carrément. J'en ai connu un qui ne savait même pas ce que c'était que les fructosamines et à quoi ça servait parce que l'Assurance Maladie tend à imposer l'hémoglobine glyquée qui ne se contrôle que tous les trois mois et ne convient pas pour ajuster le traitement d'un diabétique de type II.

La TSH est primordiale oui mais il y a un os quelque part...

Les médecins sont dressés à se référer aux hausses de la TSH mais le créneau de normalité des labos est trop large donc on passe à côté d'une hypo 80 à 90 fois sur 100 quand on en a subodoré une. Depuis 2002 au USA la limite supérieure à été fixée à 2,5 mUI/L, en France on en est encore à 4,4 mUI alors qu'il faudrait la ramener à 1,3 mUI. Je n'ai pas besoin de vous faire de dessin sur le pourquoi du comment il se fait que des milliers de patients ne sont pas et ne seront pas traités comme ils le devraient.

Sur les dosages de T3 et T4

Il est vrai que lorsqu'on soupçonne une hypo, il est absolument inutile de doser et la T3 et surtout la T4 dans le sérum. Même si les chiffres sont dans les créneaux, quelque soient ceux-ci ça ne garantit pas l'absence de trouble. L'Assurance Maladie a raison de faire la chasse aux dosages de T4 et de froncer les sourcils quand on ne s'en tient pas à la TSH  mais encore faudrait-il que pour cette dernière les normes soient fiables. Cependant je m'empresse d'ajouter que chez les rouquins et rouquines la TSH cela ne marche pas, elle est généralement dans les (bons) clous et pourtant il y a hypothyroïdie.

Doser la T3 urinaire suffit si la TSH débloque

Alors oubliez les dosages sanguins des T3 et T4. Si vous avez un doute vu ce que je viens d'exposer, vous foncez direct au labo dont vous avez l'habitude, vous réclamez un flacon pour recueillir vos urines de 24 heures et vous les collectez selon le protocole qu'on vous indiquera (on jette la première urine du matin et on termine par la première du jour suivant) et vous demandez le dosage de la T3 dans les urines de 24 heures. Cela va vous coûter 22 € et puisque cet acte hors nomenclature n'est pas remboursée vous n'avez nul besoin d'ordonnance. Si le labo fait des histoires, soit vous les menacez de changer de crémerie, soit vous tapez du poing sur la table.

Si donc la T3 urinaire n'est pas au top, vous avez la preuve d'une hypothyroïdie si les signes caractéristiques sont présent et vous retournez voir votre généraliste et vous lui demandez de doser votre cortisol libre et vous allez au labo à l'ouverture (8 heures en moyenne), plus le cortisol urinaire des 24 heures. Comme il va falloir encore pisser dans un bocal pendant 24 heures, il vaut mieux avoir un médecin avec qui on peut négocier de façon à ce qu'il vous fasse faire tout dans la foulée. Notez qu'il ne suffit pas de mettre en évidence une T3 en quantité insuffisante mais il faut tester la fonction surrénalienne pour s'assurer que si vous devez accepter une supplémentation, il faut s'être assuré préalablement que cette T3 va pouvoir agir, or le cortisol joue un rôle déterminant au niveau des cellules cibles. Autrement dit il faudra peut-être accepter un peu d'hydrocortisone (et éventuellement de DHEA) au moins temporairement le temps de restaurer la fonction surrénalienne avec notamment une supplémentation en vitamines du groupe B. En particulier... Là ça se complique un peu car des considérations individuelles entrent en ligne de compte.

Je ne vais pas entrer dans tous les détails possibles car tout ce que je raconte ne me rapporte pas un kopec et j'ai toujours l'impression de travailler pour le Roi de Prusse... Donc je m'en tiens aux grandes lignes du cas le plus basique, ce qui est assez généreux de ma part car si ce que j'énonce est limpide vous allez pouvoir vous sortir les doigts du cul avec un peu de diplomatie et là je ne peux pas vous aider...

Supplémentation : l'arnaque à la Lévothyrox !

Maintenant et quand à la supplémentation, vous n'êtes pas sorti(e) encore de l'auberge. Le médecin et/ou l'endocrino vont vous coller quasi systématiquement de la Levothyrox, c'est à dire, de la T4 qui rappelez vous est inactive si elle n'est pas transformée en T3. Donc on va sûrement vous refiler de la T4 et non un mélange de T4 et de T3 (Eurythral). Or si c'est la T3 qui est en rade et que le dosage urinaire de la T4 est correct, ce qui est très généralement le cas vous ne risquez pas d'avance d'un pouce avec ce fichu Levothyrox. Comment se fait-il que les médecins et même des endocrinologues paniquent et ordonnent même d'arrêter un traitement à l'Eurythral quand les patients s'en trouvent bien ?

Mauvais formatage ou calcul

Sans doute un peu des deux mon Général !

Il y a plusieurs réponses possibles et je vous laisse choisir : réaction d'un "con" qui a été mal formaté et qui l'ignore ou qui craint de perdre le contrôle de celui qui le font vivre ? Exemple de calcul plus ou moins criminel : si je ne donne que la T4 et que ça marche à moitié, je suis sur de fidéliser le client !

Une chose est certaine : en France l'incompétence est entretenue on l'a vu pour les "créneaux" relatifs à la TSH, est-ce intentionnel de la part des formateurs pour le compte des labos ?On a vu qu'aux USA les normes pour la TSH sont plus proches de la réalité. En France, il règne un esprit particulier et une méfiance systématique à l'égard des innovations qui ailleurs fonctionnent.

Une chose est certaines les médecins sont mal formés sur le chapitre et la rigidité psychologique qui est le propre de ceux qui se savent plus ou moins inconsciemment mals assurés de leurs connaissances souvent approximatives suffit à expliquer certaines résistances.

Nécessité fréquente de l'Euthyral

La quasi totalité des cas cliniques évoqués par Claeys montre que si en théorie l'association de T4 et T3 est plus délicate à manier à cause de la demi-vie courte de cette dernière, j'ai beau réfléchir je ne vois pas en quoi ça serait plus sorcier que de ne donner que de la T4 mais il est vrai que la plus grande longue de la demi-vie de cette dernière un éventuel surdosage va se manifester plus progressivement. Mais il faut souligner qu'on doit commencer éventuellement par des quarts ou des demis comprimés et monter progressivement avec l'Euthyral.

A la recherche des signes d'hypothyroïdie

Concernant les signes d'hypothyroïdie, ils sont nombreux, la fatigue matinale surtout, la frilosité, l'intolérance à la chaleur, les mains les les pieds glacés, l'hypotension et la bradychardie (pouls lent) - mais pas toujours surtout chez les personnes âgées -, les tendances dépressives, la sécheresse cutanée, le dessous des pieds jaunes, les pieds plats, les crampes musculaires, la constipation (surtout chez les femmes), une mauvaise circulation des liquides (jambes, œdèmes du visage et des paupières) et un détail assez parlant, savoir le fait que le tiers externes des sourcils est comme "rapé", ces signes et d'autres encore,  comme une perberté tardives, des petits seins, la pillule qui fait grossir tout cela converge en faveur du déficit dont il est question dans tout ce post.

Les causes de fatigue chronique

La fatigue étant un des signes majeurs, elle implique d'éliminer les causes non hormonales, savoir les causes infectieuses, une dysbiose, et ou une intoxication quelconque (métaux lourds, polluants ménagers divers, pollution électromagnétique). Or la vogue de la maladie de Lyme avec ses éventuels, co-facteurs, les errements conceptuels à propos des prétendues "candidoses systémiques", l'obsession du mercure et de l'aluminium etc... tendent à faire oublier qu'il faudrait sans doute commencer par interroger les signes propres à justifier un soupçon d'hypothyroïdie.

Notez que l'hypercholestérolémie et le diabète de type II, la tuberculose, un infarctus avant 50 ans çà compte parmi les signes dont il faut tenir compte avec le plus fort coefficient. Et si un certain nombre de pathologies qui accaparent notre attention et ruinent l'Assurance Maladie avaient pour racine une hypothyroïdie plus ou moins larvée ?

Les hypothyroïdiens sont légions

Depuis que j'ai une vue claire des choses, des cas d'hypothyroïdies j'en découvre autour de moi qui ont été mal traités, j'en devine quelques uns notamment chez une femme déprimée avec qui j'ai correspondu pendant des années. Son remède homéopathique a échoué et en relisant l'observation faite avec un médecin, je vois les signes d'hypothyroïdie me sauter à la figure et j'ai pas demandé les analyses afférentes car je supposais que les médecins généralistes savent discerner ce genre de trouble hormonal. On a collé sur une correspondante un syndrome de Gougerot (syndrome sec) sur le dos, or elle a fait une thyroïdite, il n'y avait donc pas lieu d'aller chercher au diable Vauvert la cause de sa constipation opiniâtre. Or elle est mal supplémentée, elle était en forme avec l'Euthyral et tire la langue avec le Levothyrox.   

Enfin, pour ce qui me concerne la prise en compte du contenu du livre de Benoît Claeys que j'ai dévoré et assimilé en a peine plus d'une lecture nocturne aura été un trait de lumière. Ma vie aurait sans doute pris une autre tournure si j'avais été en état de mieux fonctionner. Je n'ai pas encore dosé mes T3 urinaires mais comme je suis atypique en tout, il se peut que je sorte des cas de figures les plus courants et n'y trouve pas mon compte. J'ai cependant de bonnes raisons de croire que ce post à des chances de s'avérer l'un des plus utiles sur ce blog.

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