Médecine conventionnelle, alternative et "spirituelle"

Le 4 avril dernier, on apprenait qu'une nouvelle étude venait de paraître mettant en cause un problème de bioéquivalence...

https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/levothyrox-une-...

4 jours + tard, le 8 du même mois, une lectrice  m'écrivait ceci :

Bonsoir Monsieur Metzger,

Je m'en doutais que ma fatigue chronique et problèmes de coeur, crampes, dépression etc... était liés au lévothyrox. Je vais demain acheter l'ancienne formule en RFA et je verrai l'effet que cela me donne. Cela m'étonne que vous n'en parlez pas ?

Cordialement,

Il est urgent de ce pas se précipiter...

Je n'ai pas jugé utile de commenter dans la précipitation pour deux raisons, la première est que je sors à peine d'une période de fatigue intense due précisément à un passage en hypothyroïdie.

C'est en 2010 que le Dr Cuaz de Nice a attiré mon attention sur une tendance à l'hypothyroïdie mais comme je ne me suis pas entendu avec ce personnage, il m'a fallu encore du temps pour "percuter" et me décider à étudier sérieusement la question. L'avantage est que je peux au moins prétendre en avoir fait le tour mieux que l'immense majorité des médecins et mêmes des endocrinologues qui campent sur des normes de la TSH qui sont fausses : l'hypothyroïdie ne se situe pas au delà de 4 mais de 1,5 à 2. Avec une température basale entre 35,5 et 35,7 alors qu'elle doit être supérieure à 36,4 et une TSH à 3 + des signes tels que difficulté à se lever le matin, goût de rien, il y a un sérieux problème. Une séance de MTC a commencé de me remettre sur pied et comme il me restait une demi plaquette d'Euthyral, j'ai repris un comprimé par jour en 2 prises.

Dans ce contexte de démotivation généralisée, la nécessité de me remémorer toute l'histoire (et surtout de retrouver certaines infos et surtout la chronologie ) constituait un frein. Frein au demeurant salutaire car je ne crois pas que le scandale du "nouveau Lévothyrox" en soit arrivé à un épilogue satisfaisant. Mais avant d'entrer dans les détails, un petit rappel des circonstances psychosociologiques.

Une croisade à caractère très "féministe" et assez hystérique

Sur le plan clinique, il y a deux aspects à considérer. Le volet "défaut de bioéquivalence" se confirme mais vous noterez qu'il ne constitue pas un nouveauté. Voyez mon post du 18 janvier 2018 évoquant un post du Dr Dupagne :

https://www.atoute.org/n/article362.html (septembre 2017, ne pas omettre de considérer l'article original, linké dans ce texte).

J'avais expliqué que si des milliers de femmes sont descendues dans la rue c'est d'abord parce que les généralistes n'ont pas fait leur boulot qui impliquait un redosage de la TSH à terme après passage à la nouvelle formule.

Je n'ai pas honte de la dire mais la tendance en vogue chez beaucoup de femmes contemporaines, c'est de profiter de toues les occasions possibles et imaginables pour monter au créneau et se faire remarquer et ça me gave ! A cet égard le rôle joué par deux comédiennes aura été assez emblématique, l'une d'elle était du reste quasiment prédestinée à prendre la tête du mouvement puisqu'on sait qu'elle a incarné jadis notre héroïne nationale, une certaine "Jacques d'Arc". Sauf que pour l'occasion sa chevauchée médiatique n'a pas présenté le moindre caractère miraculeux...

L'article cité en tête de ce post, confirme qu'il existe bien un problème de susceptibilité individuelle et je rappelle en insistant sur ce point que si certaines lectrices (qui m'ont carrément insulté parce que j'ai manifesté un certain agacement au sujet des modalités de certains "transports publics à grand spectacle", des habituées d'un certain forum m'ont même menacé d'un procès...), si donc ces lectrices avait prêté plus d'attention à mes dires, un bon nombre auraient pu mettre un terme à leur problème en demandant au médecin d'adapter les doses du nouveau Lévothyrox à leur susceptibilité personnelle.

Comme je l'avais prévu, sur le plan judiciaire la levée de bouclier a été un échec !

En effet toutes les plaintes ont été classées sans suite :

Le tribunal d'instance de Lyon a débouté les 4113 plaignants qui demandaient au laboratoire Merck 10.000 euros d'indemnisation chacun pour «défaut d'information» concernant la nouvelle formule du Levothyrox.

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2019/03/05/01016-...

On ne peut pas dire qu'il y a ait eu défaut d'information, lors du changement d'excipients, ce sont les toubibs qui n'ont pas fait leur job. On se rappelle en effet que ce sont des pharmaciens qui ont rappelé la nécessité d'un contrôle de la TSH après passage à la nouvelle formule. Sauf que les normes de la TSH sont fausses et que c'est la clinique qui doit primer et là c'est la "cata". La plupart des médecins ne connaissent pas le sujet et les vertus de la température basale au réveil...

L'article visé ci-dessus conclut en ces termes :

Cette nouvelle étude pourrait être utilisée par les milliers de patients qui ont saisi la justice pour "défaut d’information" lors du changement de formule. Mais juridiquement, "il ne s’agit pas d’un manquement de la part du laboratoire qui a respecté la réglementation européenne, car celle-ci ne propose qu’un test de bioéquivalence moyenne" explique au Monde le docteur Pierre-Louis Toutain, co-auteur de l’étude. Une comparaison des moyennes qui a indiscutablement été réalisée.

En d'autres termes, la réglementation européenne impose un type contrôle statistique qui est absolument inadapté et qui entraîne des conclusion fausses.

Moralité : François Asselineau et son UPR ont raison, il faut claquer la porte de l'Europe, lui crier merde  et récupérer notre souveraineté. Ceci est une autre histoire ?

Scandale du Lévothyrox

Force est de conclure que j'avais raison ! Les femmes qui s'imagineraient que l'étude qui vient de paraître leur donne raison, n'ont finalement pas compris grand chose au problème.

Je rappelle encore et encore que cette méchante histoire de défaut de bioéquivalence était non seulement prévisible mais a été dénoncée dès le début de l'affaire et qu'on pouvait y remédier, au moins pour une forte proportion de patiente.

Le défaut de bioéquivalence (prévu et prévisible) est-ce vraiment le seul problème ?

Je rappelle que le changement de formule résulte d'une sombre magouille d'un certain Pr. Lechat de l'ANSM qui a mis en avant un problème de stabilité du principe actif pour avoir un motif de remplacer le lactose par du mannitol afin de permettre à Merck de conquérir le marché asiatique. Et comme par hasard ce sont les patientes françaises qui ont servi de cobayes. Mais ce n'est pas du tout un hasard car nous avons en France les officines de soit disant contrôle les plus pourries en Europe et cela n'a rien d'étonnant.

http://silicium.blogspirit.com/archive/2018/03/09/levothy...

En effet, nous avons un système d'administration qui au fond n'a pas grand chose à envier à celui de l'ex empire soviétique. C'est le même état d'esprit et avec l'affaire des Gilets jaunes on peut désormais constater que notre pays est devenue une véritable dictature puisque l'on a fait appel à l'armée pour contenir les manifestants, après avoir eu recours à des moyens susceptibles d'estropier quantité de gens.

On oublie une affaire d'impuretés qui a été trop promptement "enterrée" par le CNRS...

Voyez https://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/2... et cherchez...

On a mis en avant un défaut d'autorisation d'utilisation d'un certain matériel pour annuler les résultats d'un chercheur toulousain... Pour ma part je ne crois pas qu'il ait rêvé !

En effet, dans les effets observés, il faut distinguer ceux résultant d'une carence en T4 (donc d'un défaut d'assimilation) d'autres effets franchement indésirables et à la limite inexplicables en termes de carence. D'après tout ce que j'ai lu à ce sujet, rien n'est vraiment clair...

Où en est-on au final ? Encore un gigantesque coup dans l'eau !

Il reste un mystère à résoudre et il est peu probable qu'il le soit un jour... Et maintenant qu'il est prouvé qu'un problème de bioéquivalence existe que va faire Merck... Va t-il revenir à l'ancienne formule et laisser cohabiter deux formues ?

Très franchement, je m'en tape ! Le seul bon côté de l'affaire est que l'offre pour la T4 se serait diversifiée mais pour ma part si j'étais médecin, je viserai d'emblée sur un mélange de T4 et de T3. Mais aussi bien les endocrinologues que les généralistes ont peur de la T3. Ces crétins n'ont pas compris que si un surdosage peut avoir des effets plus marqués, ils sont nettement plus fugitifs que ceux d'un surdosage en T4 en raison de la différence de demi-vie. Celle de la T3 est nettement plus courtes d'où action plus rapide (environ 10 jours) avec une possibilité de correction rapide.

Enfin, c'est l'occasion de rappeler que les abus à base d'extraits thyroïdiens par des médecins s'étant spécialisés dans les cures d'amaigrissement s'est soldé par l'interdiction d'usage et d'important de médicament à base de poudre de thyroïdes de porc (Armour ou Erfa), ce qui est extrêmement regrettable parce qu'il existe 4 hormones thyroïdiennes et que la T1 et la T2 ont certainement autant d'importance que la T3 puisqu'elles existent.

Or la polarisation sur la seule T4, c'est bien là un des problèmes attendu que souvent la transformation de la T4 inactive en T3 active, non seulement se fait mal mais il arrive que les cellule cibles répondent mal. Je compte revenir prochainement sur ces question dans une fiche sur le Wiki.

Je remercie finalement la lectrice évoquée plus haut de m'avoir un peu "secoué" : une thyroïde paresseuse par moment et l'ambiance détestable qui résulte d'un grand débat notoirement stérile à 12 millions d'€uros, ça n'incite guère à "se bouger". A moins d'avoir les moyens de tout faire sauter : l'Elysée, le Parlement et Matignon pour commencer mais çà n'existe même pas en rêve, car ces derniers voient leur teneur corrélée au moral de l'état de veille. Et avec ou sans une bonne thyroïde, il ne peut pas être très brillant...

J'espère n'avoir plus à revenir sur cette lamentable affaire du Lévothyrox qui me saoûle car le vrai problème n'est pas le Lévothyrox mais la maîtrise des problèmes thyroïdiens et la référence quasi exclusive à la TSH dont on s'était passé jusqu'alors, voilà un des vrais problèmes...