Tir de barrage contre le fameux MMS de Jim Humble (18/11/2010)
Notre très haute hautorité vient de publier une mise en garde contre une "solution minéral miracle" vendue sur Internet. Je cite :
Il s’agit en fait d’une solution de chlorite de sodium à 28% qui, selon l’utilisation préconisée sur Internet, doit être mélangée avec un kit d’activation (de l’acide citrique à 10%) pour produire du dioxyde de chlore. C’est à ce produit final que sont associées les allégations médicales citées plus haut.
On prétend en effet qu'elle guérit non seulement la malaria mais toutes sortes de cancers et même le Sida.
Le dioxyde de chlore est normalement utilisé en tant qui biocide [2] pour la désinfection de l’eau courante. Aucune efficacité médicale de ce produit n’est avérée.
Ces deux substances, chlorite de sodium et dioxyde de chlore en solution, peuvent être irritantes pour la peau ou les muqueuses oculaires en cas d’application ou de projection. Par voie digestive, les effets toxiques varient selon la quantité ingérée : vomissements, fièvre, douleurs gastriques et thoraciques, et parfois de graves brûlures des muqueuses de l’œsophage et de l’estomac. Des troubles sanguins (anémie hémolytique, atteinte de l’hémoglobine) peuvent également être observés.
Voir : http://www.afssaps.fr/Infos-de-securite/Communiques-Point...
L’avis de Michel Gogna
Cet avis a été reproduit à des centaines d'exemplaires sur 36 000 sites Internet et le n° 86 du Journal de Michel Dogna s'en est fait l'écho. A l’entendre, les accidents ayant eu lieu seraient dus à une mauvaise utilisation du produit et à une augmentation trop rapide de la dose. Ce qui a vrai dire n’aurait rien d’étonnant. Il les met également sur le compte du caractère confus des explications de l’inventeur qui est en fait un ancien chercheur d’or qui aurait trouvé ce remède de cheval pour soigner la malaria de ses compagnons d’aventure. Enfin, il prétend que si un mauvais usage du produit est bien susceptible de produire des effets secondaires fort désagréables et particulièrement impressionnants, personne n’en serait mort.
Mais Dogna ne parle que de vomissements, de coliques et il élude l’accusation portant sur la possibilité de troubles sanguins. S’agit-il de troubles réels ? Le problème est que nos hautes autorités se contentent toujours d’asséner leurs verdicts sans jamais s’estimer tenus de les justifier en faisant référence, dans le cas présent, à des accidents réels qui auraient laissé une trace dans la presse.
Le personnage de Jim Humble
Le personnage est du fait même de son extraction une caution douteuse. Un ancien chercheur d’or est bien tout le contraire d’un bienfaiteur de l’humanité, c’est d’abord un aventurier assez généralement capable du pire qu’il s’agisse de meurtres éventuels en cas de conflits ou plus simplement de crimes contre l’écologie. Mais on conviendra que l'intéressé à une bonne tête mais de là à lui donner le bon Dieu sans confession, ne soyons pas idiots !
Une certaine légende tend à en faire un bienfaiteur désintéressé mais la réalité ne saurait être aussi belle. Il est clair que des gens avides de fric sont à l’œuvre derrière la promotion de ce produit que l’on vend du reste assez cher alors qu’il s’agit d’une molécule finalement apparentée à la célèbre eau de Javel et tout aussi peu coûteuse à fabriquer.
Ce qui donc est assez renversant c’est la vogue subite et l’aura quasi magique qui entoure l’utilisation particulière d’un biocide éminemment suspect par son caractère très oxydant.
J’ai cherché à en savoir plus sur ce MMS et tout ce que j’ai trouvé vient d’un médecin américain qui n’a fait qu’effeurer le problème posé par le caractère hyper oxydant de cette technique.
La fiche de Dogna p. 92 du Tome 3 de Prenez votre Santé en mains »
Une « mission humanitaire » aurait invité Humble a faire connaître sa découverte en Afrique où il aurait traité 2000 cas de malaria. Ce dont je me souviens c’est que les relations entre Humble et certains « missionnés » n’ont pas été très harmonieux mais comme j’ai du traduire des textes anglais à l’aide du traducteur de Google, le résultat m’est demeuré assez obscur. Et ce d’autant plus que j’ai remarqué en bien des occasions que les anglophones ont tendance à tourner autour du pot quand il s’agirait de dire des choses désagréables…
Un certains Dr Thomas Hesselink aurait établit une liste de 160 publications scientifiques décrivant plus de 100 000 observations sur une période de 15 années. Mais que valent des « observations » sans apparement de protocoles scientifiques et sans analyses avant et après traitement ! Bref on est encore là dans le domaine du bourrage de crâne et dans les sempiternelles incantations et c’est fou ce qu’elles ont tendance à prendre un caractère tangible par la grâce de l’Internet !
L’objectif serait de produire du dioxyde de chlore par acidification du chloride de sodium. Les globules rouges seraient incapables de discerner entre ce dioxyde et l’oxygène si bien que le dioxyde rencontrant des microbes, des parasites et des champignons les occiraient. Si rien de tout cela n’a lieu, le dioxyde de chlore est censé s’annihiler en perdant un ou deux électrons.
Or Dogna est censé être un chimiste diplômé. Qu’il ait écrit cela sans se poser la moindre question au sujet du sort de ces électrons et des dégâts éventuels qu’ils peuvent causer et sans se rappeler qu’il a écrit ailleurs que le défaut de la cancérologie officielle c’est précisément d’utiliser des oxydants hyper toxiques alors que la vogue est aux antioxydants laisse pantois !
En plus il est question de chlore et l’auteur ne nous dit pas ce que deviennent les ions chlore de la formule mais j’imagine qu’il va nous raconter que l’estomac les récupère pour fabriquer son acide. Mais apparement il a une autre solution à proposer : la perte d’électrons permettrait au système immunitaire de fabriquer de l’acide hypochloreux pour éliminer les pathogènes.
Résumé du mécanisme de guérison par Dogna
A noter qu’il a été question au début d’acide chloreux comme précurseur du dioxyde de chlore. On a donc le schéma chroide de sodium + acide = acide chloreux puis dioxyde de chlore. Ce dernier étant censé perdre ses électrons pour devenir de l’acide hypochloreux qui serait vraiment à l’origine du travail d’élimination. Cependant auparavant et avant de perdre ses électrons le dioxyde de chlore véhiculé par les globules rouges suffirait à détruire les intrus…
En somme le produit agirait selon deux mécanismes au demeurant assez contradictoire.
Bref, ce qui choque dans cette formule magique c’est le recours à un super oxydant chloreux alors qu’on fait tant d’histoires avec les résidus de chlore de l’eau de concession ! Et ce qui me parait encore plus extraordinaire c’est qu’aucun biologiste ne se soit donné la peine de confirmer ou d’infirmer un scénario chimique qui me semble ne relever que d’une pure manipulation mentale car pour que cela soit sérieux, il faudrait, pour le moins décrire le circuit complet de la mutation des composés sucsessifs…
Encore une preuve d’irresponsabilité criminelle
La nausée ou la diarrhée ne sont pas un mauvais signe. Le corps déclenche un processus de purification en éliminant des poisons (air connu !). En fait, de nombreux témoignages rapportent un mieux être après la diarrhée…
En somme c’est postuler que plus une pilule est amère, meilleure sera son efficacité. C’est là une conception qui ne peut rencontrer un crédit que dans un monde profondément traumatisé par un masochisme hérité d’une mauvaise utilisation et compréhension du christianisme.
Quant au mieux être après la diarrhée, ça rappelle la sensation de résurrection après une violente indigestion. On croit revivre, voire renaître mais est-on guéri pour autant ? Disons que dans le cas du MMS l’amélioration vient à priori du fait d’avoir échappé à une intoxication qui a toutes les chances de demeurer légère si l’on observe la progression proposée.
Mais-est ce que le MMS guérit quoique ce soit ? Où sont les preuves formelles ?
Certes, je ne vois pas à priori de raisons d’écarter l’hypothèse d’un soulagement possible voire d’une éradication du parasite causant la malaria mais ce n’est pas parce que le MMS serait capable de lutter contre le paludisme et constituerait à cet égard un remède de cheval peu coûteux qu’il faudrait le conjuguer à toutes les sauces contre les cancers, le Sida et j’en passe. Donc et c’est à vérifier, le MMS n’aurait d’intérêt que dans un traitement très ponctuel de maladie où le parasite logerait dans le sang.
Malheureusement, il ne faut guère escompter que quelqu’un de sérieux daignera reprendre mes remarques et tirer la chose au clair. Il en va du domaine thérapeutique comme des religions, on fonctionne dans le Tout ou Rien ! Et on n’est pas prêt d’en sortir !
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